Deux classes du lycée Les Eucalyptus ont eu l’immense chance de participer à une rencontre avec l’auteur Alain Vircondelet pour deux de ses ouvrages récents : La véritable histoire du Petit Prince et Guernica 1937 autour de deux grandes figures du XXème siècle, Antoine de Saint Exupéry et Pablo Picasso.
Parti à l’âge de 15 ans d’Alger où il grandit, Alain Vircondelet confie que c’est à partir de ce choc émotionnel terrible qu’il décidera d’écrire et de raconter. C’était en 1962 et quelques décennies plus tard, son envie et sa force d’écriture ne l’ont pas abandonné ! Il raconte aux élèves son parcours unique : à 19 ans, il écrit une lettre à Marguerite Duras qu’il admire afin de la rencontrer, elle acceptera et s’en suivront de longues années de connivence, confiance, faisant d’Alain Vircondelet, le fils spirituel de la grande écrivaine. Lorsqu’il lit Antoine de Saint Exupéry, c’est également un choc – « une force inouïe se dégage de ses textes, Courrier sud, Vol de nuit, Terre des hommes, Citadelle et Le Petit Prince, bien sûr ! Une nourriture, une force exceptionnelle ».
Le lien que les élèves ont vu entre les deux ouvrages étudiés pour la rencontre ont été notamment la présence de figures féminines très fortes auprès de l’écrivain et du peintre. Consuelo de Saint Exupéry et Dora Maar, grandes artistes toutes deux, accompagnèrent Antoine de Saint Exupéry et Picasso au moment notamment de l’écriture du Petit Prince et de la création du tableau Guernica.
L’écriture du Petit Prince commence dans un grand moment de dépression de l’auteur, il est toujours aux Etats-Unis mais n’a qu’une envie, repartir voler et être utile à sa patrie. Lors d’un déjeuner avec son éditeur, Antoine de Saint Exupéry dessine des petits bonhommes sur des coins de nappe en papier, il lui propose alors d’écrire un conte, forme littéraire très en vogue à cette époque. L’auteur va alors se concentrer sur l’écriture et composer le célèbre conte, finalement très autobiographique. A la mort d’Antoine, Consuelo dira « Il y a trop de nous deux et de notre vie dans Le Petit Prince ». Pour Alain Vircondelet « C’est l’œuvre initiatique et intimiste par excellence ».
C’est dans un grenier sans véritablement de confort que Dora et Picasso vivent au moment où l’envie de créer Guernica surgit. En avril 1937, un terrible événement vient de se produire dans un petit village basque, les bombardiers allemands déciment les habitants, seuls les femmes, les enfants et les vieillards étaient restés, les hommes étant à la guerre. De ce massacre, Picasso puise une euphorie créatrice et frénétique, Dora est à ses côtés. Mais autre chose se joue de beaucoup plus intime : « Picasso devient le minotaure qu’il peint » et en réalité c’est en quelque sorte la mise à mort de Dora. « Picasso a été un monstre dans tous les sens du terme ! ». Ce que je veux c’est un tableau ni dans la couleur ni dans la fureur, aucun bruit ne doit s’en dégager ». Pablo Picasso
Lorsqu’Alain Vircondelet demandait au célèbre peintre Balthus, auprès duquel il fut quelques temps pour écrire sa biographie, « Quel est le projet de la peinture ? », Balthus répondait « Peindre c’est rejoindre »…Etre au plus près de l’art c’est le plus pur chemin pour aller vers ce verbe « rejoindre ».
Lorsque Mathis demanda à l’auteur « Ecrire pour vous, est-ce comme peindre pour Picasso, atteindre un secret d’âme ? » celui-ci lui répondit « Oui, c’est exactement ça ! » Dans le paquebot qui le ramenait d’Algérie, le jeune Alain Vircondelet avait emporté L’Education sentimentale de Flaubert, « La lecture est un élément fondateur pour devenir un homme ». Ce que complète Antoine de Saint Exupéry dans Terre des hommes (p.171) : « La vérité pour l’homme, c’est ce qui fait de lui un homme ».
Les impressions des élèves de la 2de4
Le plaisir de la rencontre a été unanime : « J’ai aimé cette rencontre » (Maksim), « cette rencontre était passionnante » (Mathieu R.). Passionnante tout comme son intervenant « sympathique et très chaleureux, qui aime partager ses connaissances » (Matthias).
L’entendre parler de Saint-Exupéry le rendait si proche qu’ « il semblait le connaître sans l’avoir réellement connu. » (Matthieu M.).
Ce fut évidemment un moment d’échange et de partage : « J’ai beaucoup mieux compris Le Petit Prince grâce aux explications qu’il nous a données » (Harry) ; les anecdotes sur les « archives de Saint-Exupéry, leur provenance, le prix d’un petit dessin, étaient intéressantes et impressionnantes pour certaines ! » (Mathieu R.).
L’auditoire a été attentif enfin à l’authenticité de ce point de vue « son savoir basé sur des sources fiables et des faits réels, ce qui rend son récit encore plus captivant ! » (Camille).
« Passionné » (Malo, Théo et d’autres) est le mot qui revient le plus souvent pour décrire cet écrivain et biographe qui, avec bienveillance et humour – « assez drôle dans l’ensemble » (Killian) – nous a fait partager l’intimité d’artistes hors normes tels que Saint-Exupéry ou Picasso.
Enfin, comme le dit si bien Matthieu : « nous avons eu beaucoup de chance » car « son discours avait du contenu à revendre ! » (Malo).
« Une rencontre qui restera marquante pour nous, MERCI Monsieur Vircondelet ! » (Ninon, Solène)
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