Par Catalina Sanguinetti , élève de première SN, aidée de son enseignante Nadine Géhin
Dans le cadre du dispositif « Lecture pour tous » de la Ville de Nice, l’écrivain Arthur Ténor est venu, jeudi 17 novembre, à la rencontre d’une classe de seconde de Nadine Géhin . Il a parlé de son roman « No limit la violence ! » et plus généralement, de ce qui l’anime.
La classe de seconde professionnelle de 2REMI1 n’a encore jamais rencontré d’écrivains. Les premières minutes sont impressionnées. Lucas se lance un peu mal assuré mais avec il y va. Arthur Ténor lui répond avec un naturel contagieux :
« Vous le voyez, le mauvais élève assis systématiquement au fond de la classe, et bien, c’était moi ! Quand tu me demandes Lucas, si dans ma jeunesse, j’aimais lire, je te répondrais : il m’a fallu du temps pour aimer la lecture. J’étais dyslexique. »
– « Comme moi. » glisse rapidement Romain.
– « Je me suis mis au travail. J’ai bossé deux fois plus que les autres pour comprendre ce que je lisais. Il n’y a pas de fatalité Romain. J’ai développé de la rigueur et c’est seulement là que j’ai pris du plaisir à lire Bob Morane. J’ai adoré aussi l’univers de Tolkien. Vous connaissez « Le Seigneur des anneaux » ?
Oui le film répondent en cœur Denis, Keilani et Slim.
-« Ce n’est pas la même chose les garçons. Le film vous impose des images. La lecture, elle, vous ouvre plus de possibles. »
Denis avec vivacité devance les paroles de l’écrivain.
-« La lecture s’adresse à notre imagination. »
-« Tu as tout compris Denis. En fait, quand vous imaginez, vous mettez en images, puis les images deviennent réflexions. La lecture est un décodage utile. Il faut juste s’entraîner. »
Médard ose : « autant regarder des films comme ça, pas besoin d’entraînement! »
-« Les bouquins, Médard et vous tous ici, ils aident à être plus lucides, moins ignorants, plus curieux aussi. Le vocabulaire, ça a du sens. Vous avez le choix de vouloir grandir avec les mots ou pas. Tout dépend de vos exigences, tout dépend de ce que vous choisirez.
Mihai : « Comment vous est venu l’envie d’être écrivain ? »
Arthur : « J’ai dix huit ans, j’avance péniblement vers le bac sans objectifs clairs et un jour, le déclic. C’était pendant les vacances de février. Il faisait froid, je ne sors pas de ma chambre et j’écris cinquante pages. J’écris un roman avec cette nouvelle certitude : je serai écrivain ! C’est là que les ennuis commencent véritablement. A l’intérieur de moi ça bouillonne d’idées mais la réalité, c’est que je ne suis pas au point. Ni en orthographe, ni en syntaxe et mon vocabulaire est limité. Que faire ? Soit je renonce, soit j’appends le français. J’ai appris le français. J’écris mon premier roman a dix-huit ans mais c’est à trente-huit que je commence à être publié. Il m’a fallu vingt ans pour améliorer cette part de mon écriture qui était déficiente. »
Silence admiratif.
« Chacun d’entre vous est capable d’exploser les compteurs ! »
L’écrivain allume des étincelles dans le regard des élèves. L’écoute est attentive, l’échange vrai. Tous se détachent des questions préparées pour vivre l’instant présent.
« Dans le roman que vous avez lu en classe, j’aborde le harcèlement scolaire. Le sujet vous a intéressé ? »
La classe est unanime. Nassim comme surpris de prendre la parole. Les mots viennent d’un coup, en vrac.
-« D’habitude j’aime pas lire que ce soit chez moi ou en classe comme on a fait pour votre livre mais cette fois c’était différent on lisait tous un peu et entre les chapitres Madame Géhin nous demandait de dire ce qu’on comprenait si on avez senti la violence venir on a lu en étant complétement dedans on y croit à cette histoire de bandes rivales dans la classe et dans le quartier je voulais savoir la mort de Judith c’est tiré d’un fait divers elle est vraiment morte la fille»
Arthur Ténor lui retourne sa question.
Arthur Ténor : « Qu’est-ce que tu en penses, toi ? »
Nassim : « Je pense que c’est une histoire vraie. On pense tous que c’est une histoire vraie. »
Denis scrutant l’écrivain comme pour mieux percer la réalité : « Ca s’invente pas ce que vous racontez ! »
Arthur Ténor : « Et bien voilà les garçons, tout est dit. Le romancier, c’est celui qui se met à la place de… Moi, je suis comme un sorcier, je mets des ingrédients dans le chaudron pour que l’histoire soit vivante, je rajoute, j’ exagère, je transforme mais je me nourris de réel. Ma vérité est différente de celle d’un journaliste. Mon job, c’est de vous attraper au cœur et dans votre tête pour que vous vous posiez des questions qui font toujours réfléchir le roman fini.