En pleine période de prohibition à Chicago, deux musiciens de jazz sont malgré eux témoins d’un assassinat commis par les hommes de main d’Al Capone. Pour leur échapper, ils acceptent d’intégrer un orchestre composé uniquement de femmes…et doivent donc se travestir ! C’est là qu’ils rencontrent la chanteuse du groupe Sugar…
Cette excellente comédie, qui continue de faire rire aujourd’hui, aborde des thèmes éminemment d’actualité : travestissement, relations amoureuses hommes/femmes, femmes/femmes, hommes/hommes, relations de pouvoir, consommation d’alcool… Sous couvert de scènes terriblement drôles et où les comédiens eux-mêmes ont l’air de s’amuser, des sujets de société touchants et intemporels apparaissent. En effet, se travestir, voilà qui va sauver nos deux « musiciennes », Daphné et Joséphine, malgré moult rebondissements et de tumultueuses aventures!
Rien de mieux que de laisser la plume aux élèves de la classe de 2de5 pour raconter le film :
« L’histoire se passe dans les années 20’, lors de l’entre-deux guerres » (Rémi),
« à la période de la prohibition où tout était interdit, notamment l’alcool […]. L’alcool est très représenté, il permet de casser l’image de la femme parfaite, qui se doit d’être pure et de ne pas boire » (Noa).
« La mise en scène me parait surréaliste, le fait de se faire poursuivre par la mafia, de se travestir en femme sans que personne ne se doute de rien, est une situation un peu tirée par les cheveux » (Emy), « le scénario fait une caricature du passé » (Manel), « les scènes de course-poursuite rappelant les vieux cartoons des années 30’ » (Timéo). « On pourrait se dire que cela ne correspondrait pas forcément à la réalité. Mais on peut aussi considérer ces clichés comme une normalité en Amérique » (Jonathan), « car nous pouvons facilement nous projeter dans l’époque du film » (Matis).
« La vision des femmes véhiculée dans ce film est injuste : les femmes sont stupides, elles tombent tout le temps amoureuses d’hommes inaccessibles, elles sont sexualisées et elles ne pensent qu’à faire la fête » (Lola).
« Les femmes sont vues comme des fantasmes ambulants […] Marylin appuie ce point car, ayant un beau corps, un beau visage, et n’étant pas très futée, elle se laisse berner par les hommes, plus précisément les saxophonistes visant juste à l’avoir pour un soir, puis ils s’en vont sans laisser de trace, si ce n’est un tube de dentifrice vide » (Joshua).
« (Eux) sont vus comme des prédateurs et des pervers envers les femmes ; comme dans la scène où les deux personnages parlent de Sugar comme si c’était un bonbon ; ils comparent le désir de goûter à Sugar avec le désir qu’ils avaient lorsqu’ils étaient petits, de manger des pâtisseries » (Rebeca).
« Le film aborde donc le harcèlement que vivent les femmes à cette époque-là: elles se font harceler sexuellement, attoucher, suivre… mais aussi les différentes sexualités possibles. A la fin du film, (Osgood) n’est pas désarçonné par le fait que la femme qui lui plaisait soit un homme » (Louna) : « ce n’est pas grave, personne n’est parfait » (Louis), « Nobody’s Perfect » (Maxence) ; de même « quand Joséphine va embrasser Sugar en fille (ou) Daphné qui court en talons alors qu’il est un homme » (Carla). « Il y a derrière cet humour, une dénonciation du comportement des hommes envers les femmes » (Doane).
La femme, elle, « veut être libre, avoir plus de droits, voulant se débrouiller seule, sans l’aide d’un homme » (Louis), « Sugar n’aime pas respecter les cadres, elle ne rentre pas dans les cases habituelles pour une femme » (Chiara). « Le prince charmant, (lui), se fait passer pour quelqu’un de riche avec un problème sentimental et Marylin Monroe tombe (facilement) dans ses différents pièges» (Macéo).
«Ma scène préférée est celle où l’un des hommes, déguisé en femme, danse un tango avec l’homme possédant un yacht […] il était à fond dedans alors qu’il n’était pas censé apprécier ce moment» (Valérie).
« La scène que j’ai préférée est le moment dans l’hôtel au bord de la plage où Joe et Jerry courent se déguiser, font demi-tour, repassent quinze fois par la même porte. Cette scène me fait rire, elle me fait notamment penser au dessin-animé « Scoubidou » où l’on voit ce genre de scène » (Maxime).
Finalement « Certains l’aiment chaud peut être aussi l’alcool, qui est plus apprécié lors de moments, en quelque sorte, plus chauds ! » (Valentine)
Beaucoup de sujets à aborder donc à propos de ce film : un film musical, un film où les dialogues sont particulièrement ciselés, un film progressiste et féministe avant l’heure, un film moderne où les notions de genre et de sexualité sont abordées alors que le code Hays est toujours en vigueur, un film avec un humour particulièrement fin et bien sûr une distribution parfaite, deux immenses acteurs comiques et une Marylin au sommet de son art !
Proposer aux élèves de découvrir un film culte des années 50 dont on se rend compte qu’il était totalement avant-gardiste…une gageure ? Non, un excellent moment de partage lorsqu’on entend une salle pleine rire et applaudir à tout rompre à la fin !!! Avec en prime la célèbre réplique d’Osgood à la fin du film qui appose le sceau définitif de l’avant-garde « Eh bien personne n’est parfait ! ».