« Il nous faut en riant instruire la jeunesse », disait Molière dans sa comédie l’Ecole des maris en 1661. C’est en effet par des rires, des larmes et un vaste panel d’émotions que cette année, les élèves de la classe de 2nde1 ont expérimenté le projet LAAC (Lycéens et Apprentis au Cinéma) à l’Espace Magnan de Nice.
Ce projet permet à trois classes des Eucalyptus de visionner trois films par an, soit un film par trimestre.
Le premier film sélectionné par les enseignants dans la liste proposée s’intitule Certains l’aiment chaud (1959) de Billy Wilder, mettant en vedette Marilyn Monroe et traitant des thèmes de gangsters, de la musique et de l’homosexualité encore taboue à l’époque.
Le deuxième film était La La Land (2016) du franco-américain Damien Chazelle, hommage aux comédies musicales, en particulier celles du réalisateur français Jacques Demy, et à toutes les formes d’art. Ce film met en scène des acteurs polyvalents dans une mise en abyme reflétant quasiment leur propre histoire à Hollywood et dans la ville de Los Angeles.
Le troisième film abordait le thème de l’homosexualité condamnée et interdite au Kenya. Réalisé par la kényane Wanuri Kahiu, le troisième film, dont le titre Rafiki (2018) signifie « amie », abordait le thème de l’homosexualité condamnée et interdite au Kenya.
Les élèves ont été enthousiastes d’avoir l’opportunité de regarder ces trois films en anglais sous-titré, ce qui leur a permis d’améliorer leur écoute de la langue cible tout en apprenant davantage sur l’art et les messages transmis : l’acceptation de soi, la tolérance, la persévérance, la résilience, etc. Ils ont également apprécié les discussions en amont et en aval en classe, ainsi que l’occasion de se retrouver avec d’autres élèves du lycée au cinéma. De plus, le transport et l’accès au cinéma étant entièrement gratuits pour eux, cela était d’autant plus appréciable.
Dans la continuité de ces films, début mai, le spécialiste en éducation à l’image Pascal Génot est intervenu pendant 2h au lycée pour chaque classe ayant participé au projet LAAC. M.Génot a expliqué aux élèves les différences entre la critique et l’esprit critique, ainsi que les notions de jugement de fait et de jugement de valeur. Il a également mis en évidence la cohérence scénaristique en utilisant des extraits de films dont la scène d’ouverture du film La La Land.
Ce projet culturel offre aux lycéens une opportunité unique d’explorer le monde de l’art cinématographique, d’élargir leurs horizons culturels et de développer leur esprit critique.
Qui mieux que le public concerné peut témoigner de toute la richesse du projet LAAC? Les élèves ont dû rédiger leurs critiques de films et le bilan de ce projet culturel projet en anglais. Ci-dessous des extraits de leurs productions, tantôt traduites en français, tantôt laissées en anglais.
Valentin P:
« Chacun des trois films a contribué à enrichir ma culture cinématographique et à me marquer par des moments mémorables. […] La La Land est de loin mon film préféré sur les trois grâce à sa jolie musique et sa narration originale. La romance entre Mia et Sebastian est poignante, les acteurs Emma Stone et Ryan Gosling étant tout à fait remarquables dans leurs rôles. Cette comédie musicale m’a transporté du début à la fin.
Je recommande chaleureusement le projet LAAC à tous les élèves. Cette initiative nous a offert l’opportunité d’explorer une belle diversité de films et de genres cinématographiques, élargissant nos horizons et perceptions. Les discussions et études menées en classe m’ont permis, ainsi qu’à mes camarades, d’approfondir et d’enrichir notre expérience de chaque film, mais également d’affiner nos critères d’appréciation. Nous avons expérimenté un grand panel d’émotions et sommes passés de l’émerveillement à l’amusement parfois dans le même film. Je suis vraiment reconnaissant d’avoir pu faire partie de ce projet annuel. »
Eve L:
« Ce projet nous a sensibilisés sur plusieurs niveaux: culturel, linguistique mais également artistique. Nous avons appris davantage sur les réalisateurs, le contexte de chaque film, les personnages, les acteurs, comment les scènes sont tournées etc. Nous avons également appris comment l’art peut rendre hommage à lui-même sous toutes ses formes, ou bien à une personne, ou un groupe de personnes. Les deux premiers films, Some Like It Hot et La La Land, bien qu’ils invitent aussi à la réflexion, m’ont semblé clairement plus divertissants que le dernier. Rafiki présente des jeunes personnages à la sortie de l’adolescence et les sujets sont graves : l’homophobie collective, le poids des traditions, la place des femmes, etc. Ce film nous a permis d’avoir un aperçu d’une culture différente, avec des droits, une politique et un fonctionnement différents.
Chacun des trois films amène des sujets de réflexion variés auxquels le public peut s’identifier : l’homosexualité, la transidentité, les victimes de sexisme, mais aussi les ambitions et les rêves auxquels il faut continuer de s’accrocher coûte que coûte.
Ce projet élargit notre horizon culturel et cinématographique mais donne également une belle opportunité à ceux qui n’ont habituellement pas envie ou bien n’ont pas les moyens financiers d’aller au cinéma. Les tickets de transport ainsi que l’entrée au cinéma sont financés par le lycée, tout est gratuit ! De plus, nous sommes entre camarades et amis, et pouvons ainsi partager cette expérience ensemble.
Pour toutes ces raisons, je ne peux que recommander le projet LAAC, très enrichissant et gratifiant pour les élèves. »
Alia G:
« Je recommande ce projet car il permet de voir des films que vous ne verriez sans doute pas seuls. Cela permet d’étendre notre culture générale et c’est génial de pouvoir y aller avec des camarades de notre classe mais aussi de retrouver des amis d’autres classes ! Si vous avez la chance de participer à ce projet, profitez-en pleinement ! »
Vladimir P:
« A mon sens, le film Rafiki ne permettrait pas forcément à certains spectateurs de s’identifier et d’assumer leur homosexualité. Le harcèlement et la violence subis par les deux jeunes lesbiennes ne pourraient qu’effrayer un public non averti et les inciteraient à se cacher davantage s’ils ne sont pas acceptés par leur entourage, même si nous vivons dans un pays avec plus de droits qu’au Kenya.
A la fin de La La Land, lorsque Sebastian a réussi à ouvrir son bar à jazz et que Mia est devenue une actrice célèbre, nous comprenons qu’avec de la persévérance, nous pouvons réaliser nos propres rêves en laissant notre amour partir pour réaliser les siens. »
Clément C:
« Je recommande le projet LAAC car les films traitent de sujets intéressants, avec des messages forts, par le biais de l’humour dans Some Like It Hot par exemple. Ce sont des sujets que nous ne sommes pas forcément habitués à voir et à analyser par nous-mêmes. Il y a eu une sensibilisation aux comédies musicales avec La La Land, qui a agréablement surpris plus d’un d’entre nous. Il y a également une approche supplémentaire une fois de retour en classe où nous étudions le film,! Cependant, je peux comprendre que certains élèves restent mitigés face à ce projet car il aborde des sujets délicats. »
Jade B:
« As far as I’m concerned, Rafiki’s scene which best showed unfairness and intolerance is when both 17-year-old girls are interrupted while they were kissing at their hideout. The gossip of the town had been following them and denounced them to the whole neighborhood. Following their action, the main characters get beaten up by a whole crowd.
Once it’s over, both girls get arrested by police officers and we could think they were to report their tormentors but it’s exactly the contrary. They get laughed at, ridiculed by both police officers. Then, Kena’s parents come to pick her up and her dad unexpectedly slaps her. I felt very shocked by everyone’s behavior but mostly by her dad’s. He should have supported her and defended her, but things obviously don’t work that way in Kenya.
In France, sometimes people tend to forget that we have more rights than in a lot of countries in the world. We often take our rights and our freedom for granted, and the film Rafiki reminds us that homosexuality is ill-perceived, or worse, legally punishable by death.
Obviously, I would recommend this cinema project to other students. This project was very interesting and enriching, the best part being all three of them were shown in the original version, that is to say in English. It’s a wonderful opportunity to be able to watch these three films in an actual cinema, for free! At the beginning, I was a bit apprehensive about the choice of films but eventually, I liked all three of them. However, if I had to pick my favorite, it would be Some Like It Hot. If Rafiki had been a bit longer, perhaps I would have preferred it as it was a real life lesson for me, just like any films I have ever seen. I think cinema allows spectators to learn a lot of things about life. »
Cléa G:
« I think a film like Rafiki enables some spectators to embrace their sexual orientation because cinema is a great means to promote tolerance and to show that it’s normal for anyone to have the right to love whoever they want. In Rafiki, we could see homophobic people in action but in the end, this film brings a message of hope: both girls reunited. Even if there is some progress in a lot of countries, this film shows two girls who must hide their love like a modern version of Romeo and Juliet (but with two Juliets) in Kenya. It shows us that cinema, throughout a fictional story, can inform and raise awareness about tolerance and other values.
As far as I’m concerned, this LAAC project is a very interesting, impactful, cultural opportunity. I wholeheartedly recommend it because in these movies we were able to see beautiful values and to experience a wide range of emotions. »
Tristan M:
« As far as I’m concerned, the scene that best showed unfairness and intolerance was the interaction between the two main characters and the traditional Kenyan community. Indeed, people have an ancestral view of homosexuality. They are convinced that heterosexuality is « good » and « normal » whereas homosexuality is considered « abnormal » and « evil ». Kena, one of the two girls who are in love, had to undergo an exorcism session. This was shocking and heartbreaking to see.
Of course, I totally recommend this cultural project because it’s a very constructive and rewarding opportunity that every student should experience. It’s awesome to learn about some topics that are very deep and help us reflect, discover different forms of art, and develop our critical minds. It also allows us to become more responsible and independent by getting lost and finding our way to the cinema or by taking public transports to get there on our own. Thank you, Miss Fucher and Mrs Quilichini, for signing us up for this film project. »
If you want to learn more about gay rights in Kenya and in other parts of the world :
« There are 64 countries that have laws that criminalize homosexuality, and nearly half of these are in Africa. » Source: https://www.bbc.com/
« Kenya criminalizes same-sex sexual activity between men. Sentences include a maximum penalty of fourteen years’ imprisonment. There is evidence of the law being enforced in recent years, and LGBT people are regularly subjected to discrimination and violence. »
Source: https://www.humandignitytrust.org/