« Ne laisse personne te voler les mots » est un spectacle sur les origines du Coran.
Cette création du théâtre de la Cité de Marseille de Michel André et Selman Reda en collaboration avec l’islamologue Rachid Benzine a lancé son coup d’envoi à Nice le 5 et 6 décembre suscitant la curiosité des élèves de seconde, première et terminale du lycée professionnel des Eucalyptus.
Soutenue par les Fonds du 11 janvier et la Région Paca, la pièce traite du Coran à travers une approche historique, anthropologique et linguistique mêlant histoire individuelle et histoire collective.
La proposition d’accueillir le spectacle et les échanges par une enseignante de lettres histoire, Nadine Géhin, a conduit à une préparation reposant sur différentes étapes propres à nourrir et approfondir la rencontre.
En effet, ce coup d’envoi arrive un mois après une semaine en résidence où acteur et metteur en scène sont allés à la rencontre de douze classes vues chacune séparément. Ces rencontres, accompagnées d’enseignants de lettres histoire et professeure de la classe allophone, ont amené un échange vif et animé d’une heure à deux heures où les élèves ont été sensibilisés au propos. Sensibilisation également à la posture théâtrale pour Amin, Sabri, Youzamiou et Raphaël les mercredis après-midi qui ont été complices du spectacle activant le débat qui en a suivi. Merci pour leur implication pleine de spontanéité.
Les 250 lycéens, captivés ont voyagé dans l’enfance de l’acteur, la manière dont il a vécu le durcissement des règles religieuses imposées par son père jusqu’à atteindre à seize ans, un point de rupture. Passant de l’enchantement au déchirement, de la déconstruction à la reconstruction, les couleurs de l’intime se dévoilent laissant subrepticement place à un autre tableau : celui des peuples nomades soumis aux règles de survie dans le désert arabique du 7ème siècle.
« Chacun interprétant les textes de là où il se situe avec ses propres codes, il est intéressant pour nous » écrit Michel André « d’en comprendre les moteurs en les replaçant dans un contexte vieux de 15 siècles ». « Ne laisse personne te voler les mots » ouvre cette voie à une meilleure compréhension du Coran : de sa naissance dans l’univers de la péninsule arabique du 7ème siècle jusqu’au cheminement de la pensée contemporaine. Lors des débats, les élèves ont posé de nombreuses questions à la hauteur de leur intérêt actuel. Ces moments ont été des instants d’effervescence, d’échanges, de recherches et d’émotions.
A la fois récit de vie et récit d’histoire, conte, poésie et danse cosmique, la pièce invite à un voyage. A travers les mots dans le temps et le sens qui évolue, elle explore les différentes formes de la culture apportant un éclairage important sur les enjeux actuels de l’école et ses valeurs laïques dans la lutte contre la radicalisation pour un vivre ensemble nécessairement relié à la connaissance car comme le soulignait dernièrement le Ministre de l’Education, Jean- Michel Blanquer :
« Le fait religieux fait partie de l’histoire du monde, on ne doit pas considérer que l’école laïque signifie école athée » Selon lui, les jeunes doivent l’« apprendre » pour comprendre les religions des autres et les respecter à travers la connaissance ». Le ministre a donc annoncé qu’il comptait avancer « avec beaucoup de sérénité » sur le sujet… »
Article tiré de son interview sur LCI le 10/12/17
Remerciements au Théâtre la Cité de Marseille, Monsieur le Proviseur Philippe Albert, Madame la Proviseure adjointe Cécile Roux, l’équipe des professeurs de lettres histoire et professeure de la classe allophone, les professeures documentalistes, les élèves et tous ceux qui ont participé à cette belle aventure théâtrale.