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Une magnifique année de théâtre pour la 1èreG1 !

Dans le cadre du partenariat du lycée Les Eucalyptus avec le théâtre Anthéa, les élèves de la classe de 1èreG1 ont eu la chance d’aborder certains objets d’étude du programme de français par le biais de sorties au théâtre. Se déplacer dans les lieux artistiques, rencontrer des professionnels, comédiens, metteurs en scène, directeur de théâtre et partager collectivement les sensations de la salle obscure, permet une expérience plus directe et sans aucun doute plus marquante de la représentation des œuvres…

 

Au programme en 2023/2024, « Phèdre » de Sénèque mis en scène par G.Lavaudant ; « Après barbe bleue » réinterprétation du conte et mise en scène de C.Althaus (Compagnie START 361°) ; « Le meilleur des mondes » d’après la dystopie d’A.Huxley, mis en scène par G.Boghossian (Collectif 8) autant de formes littéraires abordées que de transpositions esthétiques et lectures différentes de ces œuvres.

« La dictature parfaite aura l’apparence de la démocratie : une prison sans murs dans laquelle les prisonniers ne rêveront pas de fuir. Un système d’esclavage où, grâce à la consommation et aux plaisirs, les esclaves vont adorer leur condition » (Aldous Huxley). « Cette citation résume exactement ce qui se passe dans la pièce. En effet, le régime politique est bien une dictature où les prisonniers ne cherchent pas à fuir, dû au bonheur facile. » (Candide).

La dictature du bonheur

« Cette société a vu le jour grâce à Ford, qui a réussi à unifier les différentes parties du globe pour la créer. » (Matthieu T.). « La religion n’a pas de place dans Le Meilleur des mondes. » (Michel). « Mais Ford est une sorte de divinité pour eux. » (Meredith). « La vénération de Ford évoque une adoration quasi-religieuse du progrès technologique, et de la consommation de masse. » (Nolan). « Henry Ford est l’inventeur du travail à la chaîne, notamment avec la voiture Ford-T. D’ailleurs, l’année est 637 NF (notre Ford). » (Candide).

« Cette société est hiérarchisée et dirigée par les dix pères fondateurs : Mustafa Mond est celui de l’Europe Occidentale, et présente un show visant à promouvoir celle-ci. » (Matthieu T.) C’est une manipulation de la conscience collective. » (Romain I.). « Une propagande importante permet de supprimer tout souvenir ou vestige de la civilisation passée, (en détruisant les monuments, bibliothèques, etc.), et en diabolisant toutes les coutumes de cette société. Cette propagande passe par la diffusion très régulière d’une émission The New World Show. » (Noa).

« La devise de cette société : Communauté, Identité, Stabilité. » (Candide).

« Le soma est une drogue très puissante : 100 mg suffisent à manipuler quelqu’un pendant tout un week-end. Il permet le contrôle total d’un individu. » (Romain I.). « Une drogue « sans danger » qui permet d’être heureux (mais qui diminue l’espérance de vie de ses consommateurs). » (Marlon). « Le soma vise à calmer ou à faire voyager les gens. Plus la dose est forte, plus l’effet est important. » (Matthieu T.). « Lorsque les personnages s’agacent, s’énervent, crient de manière négative, ils sont tout de suite obligés et rappelés de la consommer, par l’intelligence artificielle. » (Michel). « On peut dire que l’Intelligence Artificielle Amos, et la substance soma sont liées. Elles ont le même nom inversé. » (Alan). « Soma fait penser à sommeil. On peut en déduire que cette dernière endort le système de réflexion du cerveau, permettant de ne plus être en désaccord. » (Louis).

Et les individus dans tout ça ?

« 600 ans dans le futur, c’est un monde sans guerre, sans famine et sans corruption, mais aussi sans humanité. Pour moi, les personnes ont abandonné leur liberté, mais à ce prix, sont devenues vides à l’intérieur, interchangeables, exactement comme dans la pièce La Cantatrice Chauve de Ionesco » (Marlon).

« Il y a une hiérarchie classée par des lettres. Cette hiérarchie est basée sur les compétences intellectuelles, la profession, le nombre de contacts sociaux et le nombre de relations sexuelles. » (Zied). « Les individus sont classés dans des catégories comma Alpha +, Alpha -, Bêta +. Ces catégories déterminent la classe sociale et la réussite de la personne. Il y a également les sauvages. Eux ne sont pas considérés comme des individus. » (Meredith). « Les sauvages sont des humains comme nous, enfermés dans une clôture comme des animaux ; ils vivent selon les règles que l’on utilise à notre époque. » (Matthieu T.) « Les Delta et Epsilon sont des gens appartenant aux faibles classes sociales, et les Alpha et Bêta appartiennent aux classes supérieures. » (Candide).

« Tous les sentiments forts ont fait place au plaisir et à la gratification instantanée. C’est pourquoi toute notion de famille est éradiquée par le gouvernement. » (Romain I.) « Les enfants se font alors artificiellement. Ce sont des bébés éprouvettes, qui n’ont aucune connaissance de la famille. » (Meredith). « Les bébés naissent dans des cuves grâce à des processus de clonage. Ils sont élevés par le gouvernement. » (Marlon). « Totalement contrôlés jusqu’aux gènes. (Ethan). « La transformation des individus en produits fabriqués en série soulève des questions sur la perte d’identité individuelle et de la liberté personnelle. » (Nolan).

« On préconise un bannissement avec les sauvages si l’on vient à avoir un enfant. » (Matthieu T.). « Toute notion d’isolement est également punie et le gouvernement impose une connexion régulière aux autres sur internet. » (Romain I.). « Le simple fait d’avoir un appel en « réseau fermé », c’est-à-dire seul à seul avec quelqu’un, est considéré comme illégal et très mal vu. La vie privée n’existe pas. » (Noa). « Une femme enceinte est vue comme une abomination, et la famille comme un cadre sujet à créer des tensions, et donc des sentiments antisociaux. » (Adrien).

« Le sexe est une part importante de cette société, votre place dépend de votre taux de multipartenaires, qui indique si vous avez plusieurs partenaires sexuels. » (Yann). « Tout le monde sait qui a couché avec qui, et, il n’y a dès lors plus d’intimité, étant donné que les rapports sexuels sont faits tout en étant connecté au monde. » (Yanis).

Le cas John et Lenina

« John est un sauvage. Cela est contradictoire pour le spectateur car il semble être le plus humain. » (Romain I.). « C’est un homme cultivé. » (Marlon). « Son rejet de la culture propre à cette société de consommation, et son attachement à la littérature et à l’histoire symbolise la lutte pour préserver l’humanité. » (Nolan).

« Il est né d’une mère Bêta moins, Linda, et d’un père, dont on connait peu l’existence. Il est présenté comme un animal et on l’invite pour se moquer de lui. Les dirigeants s’en servent pour montrer à quel point les sauvages sont sales et hors des codes. » (Matthieu T.) « Nous savons qu’il est né d’une réelle union et non pas en laboratoire comme les autres individus. » (Zoé). Il va « découvrir par le biais de Bernard Marx, l’existence de son père Mustapha. » (Michel). « La société fordesque le prend alors comme un atout médiatique et touristique. » (Adrien). « John est un hybride : il est né de parents civilisés ; son père est un Alpha + et sa mère une Bêta – mise enceinte illégalement dans une réserve de « sauvages », dans laquelle le père les abandonne. » (Yann).

« Il a un coup de foudre sentimental pour Lenina, alors qu’elle n’y voit qu’un objet pour subvenir à son nombre de relations sexuelles. » (Matthieu T.). « Vu qu’il vient du milieu des sauvages, il lui apporte de la notoriété. » (Meredith). « Il tombe amoureux et veut l’épouser. Le souci, c’est que Lenina ne connait pas ce terme, car l’amour, tel que nous le connaissons, a été balayé par la société. » (Ethan). « John cherche à vivre marié avec Lenina, et à avoir des enfants d’elle (car il vivait isolé du « Meilleur des mondes » dans une réserve indienne). Cela semble inconcevable à Lenina pour qui le modèle de la société convient. » (Yanis).

« A la fin, John décide de se suicider, prouvant qu’il préfère être libre que d’être influencé par cette société qu’il rejette plus que tout. » (Hugo C.). « John finit par se pendre, c’est un signe de désespoir face à un monde où règne un eugénisme radical. » (Zoé). « Ici le metteur en scène fait intervenir la conscience du spectateur, qui se met à la place de John. Les humains ne sont pas adaptés à de telles conditions de vie et la seule échappatoire est la mort. » (Romain I.) ; « Il est possible qu’il ait voulu reproduire le sacrifice du Christ : se sacrifier pour laver la société de ses péchés, ou bien pour lui faire entendre raison. » (Yann).

Des noms qui reviennent en toile de fond…

« La plupart des noms étaient des noms qui en faisaient penser à d’autres, soit par le nom de famille, soit par le prénom. » (Zoé).

« Napoléon, Staline, on peut imaginer que le metteur en scène a mis en avant ces noms pour constamment rappeler au spectateur que ce qu’il est en train d’observer est une dictature déguisée en démocratie. » (Romain I.)

« Le nom de Marx est en désaccord avec la société de consommation et de hiérarchisation, qui vise à devenir individualiste. Le communisme prôné par Marx incite à partager et à s’entretenir avec les autres. » (Matthieu T.)

« Darwin Bonaparte, qui fait référence à Napoléon Bonaparte et ironiquement à Darwin, père fondateur de la théorie de l’évolution, qui ne fonctionne plus dans cette société. » (Candide).

« Les noms qui reviennent sont un rattachement subtil au passé, un rappel triomphant, car des noms très connus auparavant sont devenus inconnus à cause de l’Intelligence Artificielle qui a réussi à tout faire oublier sur le passé de l’humanité. » (Marlon). « Ces noms ont pu être choisis pour montrer que, malgré leur intention de vouloir oublier le passé, les habitants du nouveau monde en sont encore imprégnés. » (Yanis).

Une mise en scène atypique

« La mise en scène est surprenante et très originale, on voit la pièce comme si l’on regardait depuis une télévision. » (Michel). « Cet aspect d’appartements divise alors le plateau, permettant de plus distinguer personnages et scène. » (Louis). « L’utilisation d’échafauds pour représenter les différents étages m’a aidé à mieux comprendre la mise en scène avec chaque personnage chez lui. » (Yanis). « Pour moi, la mise en scène est une des véritables forces de cette œuvre ; elle m’a vraiment impressionné avec les deux plans, dont le premier, qui peut s’enlever. » (Noa). « Les visuels apparaissent en trois dimensions grâce à un rideau positionné au-devant de la scène. » (Zoé).

« En effet, on ne voit jamais les comédiens directement, mais seulement à travers des draps. Certains effets sonores et lumineux servent à prévenir spectateurs et personnages qu’ils sont aux prises avec des actions anti-sociales. On le remarque lorsque Amos prévient que John sort des codes, elle le lui fait remarquer avec une lumière rouge et un effet sonore reconnaissable. » (Romain I.). « Les couleurs passent de simples lumières à des lumières rouges quand un acte répréhensible dans cette société est effectué. Ou, également, lorsque Bernard Marx s’isole pour un voyage avec les animaux marins, des lumières bleues l’environnent, le son immersif de la mer. » (Michel).

« J’ai été impressionné par le travail de Gaëlle Boghossian, car il est extrêmement difficile d’assimiler numérique et jeu d’acteur. De plus, la scène était vivante due aux décors, aux couleurs et aux musiques ; les effets visuels se mariaient à la perfection avec la scène, notamment le The New World Show, ou encore, les scènes aquatiques. » (Candide).
« C’est une réalisation surprenante mais qui porte ses fruits, car, lorsque les effets visuels et sonores s’arrêtent, et que nous pénétrons dans le véritable monde, il devient alors facile d’en voir les défauts. » (Adrien).

« J’ai particulièrement apprécié les journaux TV qui sont animés avec des effets en trois dimensions. » (Marlon).

Une pièce qui évoque tant d’autres référents…

« Enfin, ce texte fait également penser à Matrix, le film de science-fiction où les êtres humains sont conservés dans des capsules, et où ils vivent dans un monde virtuel appelé La Matrice, qui éradique toutes les personnes qui réfléchissent ou qui nuisent au bon fonctionnement de l’ensemble. » (Romain I.).

« Ce spectacle m’a fait penser à 1984. Cette société est également une société futuriste qui ne connait pas l’amour et où les moindres faits et gestes sont contrôlés et observés. » (Meredith). « Dans celle-ci, on parle une langue unique. Une langue dans laquelle le vocabulaire est appauvri. Or, le vocabulaire est la fondation de la pensée. Si le vocabulaire est réduit, la pensée l’est tout autant. » (Adrien).

« Ce spectacle m’a fait évoquer Detroit : Become Human, un jeu vidéo, qui traite d’une vie se déroulant dans un futur où l’informatique est tellement développée qu’elle devient capable de réfléchir par elle-même. » (Michel).

« Ce spectacle m’a rappelé des choses comme Fahrenheit 451, livre dans lequel les livres et la culture sont prohibés, avec des personnages reclus, se contant les histoires et les connaissances, tandis que les pompiers brûlent les livres. » (Yann).

« Ce spectacle m’a rappelé le film Bienvenue à Gattaca, un film qui parle tout autant d’intelligence artificielle que de sexualité ou d’un monde différent. » (Zoé).

« Cette pièce m’a rappelé la série Black Mirror sur Netflix, car il y a le même système de notation sur les réseaux sociaux que dans la pièce. » (Louka).

« Cette pièce a également fait écho en moi, me rappelant une autre œuvre vue l’année dernière dans le Festival Off d’Avignon, qui racontait également une dystopie, dans un cadre très futuriste, contrôlé par une IA. » (Noa).

En conclusion

« Ainsi, tout cela fait bien de cette pièce un spectacle total. » (Candide).

« On retrouve un monde qui finit détruit ou qui l’est déjà, ce qui me fait me questionner sur l’avenir de la société et les progrès toujours plus croissants de l’informatique et des sciences. » (Michel). « J’interprète cela comme une sorte de dénonciation de notre société où beaucoup de gens passent plus de temps sur leurs téléphones portables, ou sont constamment connectés via des ordinateurs ou consoles de jeux vidéos plutôt que de sortir pour passer du temps en famille ou entre amis. » (Alan).

« J’ai été agréablement surpris par ces différents éléments, qui ont rendu cette pièce, exceptionnelle en son genre. » (Ethan).

« Je dois avouer que j’ai été extrêmement surprise face à la technologie et l’innovation de cette pièce. Cela change des autres pièces classiques. » (Chloé).

« L’addiction au bonheur facile me semble cauchemardesque parce qu’elle n’offre aucun espace d’analyse, aucune issue, aucune possibilité de rébellion, elle est le bras armé d’une dictature pernicieuse…Comment se révolter contre le bonheur ? » Une réflexion de Gaële Boghossian qui a été le point de départ motivé d’un questionnement plus large au moment d’adapter Le meilleur des mondes et qui reste toujours autant d’actualité !
Au terme de chaque représentation, l’ensemble des thématiques abordées (emprise, relations femme/homme, dépendance, aliénation, pouvoir…) ont beaucoup fait réfléchir les élèves et ont permis des échanges nourris dès la sortie du théâtre et tout au long du trajet de retour vers Nice dans la bonne humeur…

Voici quelques liens vers des podcasts radio réalisés par les élèves de 1èreG1 :